6 novembre 2023
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Alison Bouffet, « L' « Autonomie des Migrations » : une perspective sur le sujet politique non-national », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.in9p0n
A partir du problème philosophique posé par le rapport entre volonté et contrainte dans les théories des migrations et la philosophie de l’exclusion, cet article propose une synthèse problématisée du corpus de l’autonomie des migrations(Autonomy of Migration), compris comme perspective inédite sur le double problème de la revalorisation de l’agentivité des migrants et de leur conceptualisation comme potentiels sujets politiques. L’autonomie des migrations, en dépit de son hétérogénéité, se caractérise par trois gestes communs : affirmer le primat de la mobilité, de telle sorte que les contrôles frontaliers et les dispositifs répressifs des migrations sont définis comme des « formations réactionnelles » ; privilégier une « analytique souterraine » des gestes et des luttes des migrants, plutôt que l’analyse du pouvoir d’État ; enfin, promouvoir une politique de la fuite, c’est-à-dire une force de transformation politique qui serait inhérente aux mobilités non régulées. En définissant la frontière comme dispositif d’assujettissement, elle permet de penser la manière dont les migrations agissent sur les subjectivités. En inscrivant ses auteurs et autrices dans deux des sources théoriques dont ils et elles se revendiquent – la théorie de l’autonomie marxiste d’un côté, la théorie de la subjectivation foucaldienne de l’autre –, l’article montre combien cette perspective sur les sujets non-nationaux ouvre sur une vision de la subjectivation qui dépasse le cadre étatique, national ou représentatif : une subjectivation politique au-delà et en deçà du sujet national.