2019
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Anna Leyloyan-Yekmalyan, « La nudité visible et invisible : de la nudité honteuse vers la nudité en quête de spiritualité dans l’iconographie médiévale russe », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.inmmi9
La prise de conscience de la nudité du corps s’est faite à partir de la désobéissance à l’ordre divin et la chute qui dévoila la nudité des corps mortels d’Adam et Ève dépourvus de vêtement et de la lumière divine. Adam perdra alors son immortalité, mettant ainsi la nudité visible en parallèle avec la mort. A travers un dénuement total ou partiel du corps du Christ, les images soulignent l'humanité du Sauveur dévoilant le Christ-Nouvel Adam qui délivre l'humanité du péché originel. Par la mort, le Christ sauve l’humanité, et par la nudité de son corps, il se révèle comme le Nouvel Adam. C’est pourquoi Jésus figure nu seulement dans les images où il est mis en parallèle avec Adam : le Bain de l’Enfant Jésus, le Baptême, la Crucifixion, la Descente de croix, la Mise au tombeau ainsi que les Lamentations du Christ. C'est également à travers la nudité ou l’absence de vêtements décents dans les images hagiographiques que se dessine l’image du fou. Il s’agit de la nudité de la non-convention, de la rupture sociale, du dépouillement matériel et spirituel des fol-en-Christ, ou des iourodivy en Russie. L’iconographie médiévale reproduit la nudité des fol-en-Christ, qui est une manifestation du dépouillement, dénuement et de la fragilité de la vie. De la nudité honteuse elle se transforme en nudité d’innocence dans la quête de spiritualité dans le but de retrouver l’innocence originelle d’Adam. Ici aussi, elle est mise en parallèle avec la mort physique et la résurrection spirituelle. Il est évident que dans l’iconographie médiévale la présentation de la nudité n’est jamais anodine. Elle fait partie d’un vocabulaire symbolique qui participe à la lecture des images dévoilant leurs riches interprétations théologiques.