2019
Cairn
Geneviève Morel, « Récit de mon entretien avec Luc », Savoirs et clinique, ID : 10670/1.iovois
Dans cet entretien, Luc expose ses tracas avec ses trois maisons, et parle de sa famille, de sa mère polonaise née sur un bateau lors de son immigration, et de son impossibilité à mettre de l’ordre dans « tout ça », qui a conduit à son hospitalisation. On peut reconnaître, dans cette triste histoire qui pourrait évoquer une nouvelle du romancier belge Simenon, le couple aristotélicien, repris par Lacan dans le Séminaire xi, de l’ automaton et de la tychè : automaton (répétition) de la maison qui scande l’histoire comme son leitmotiv et tychè (rencontre contingente) de la femme qui n’arrive pas à s’intégrer dans le cadre de la maison et précipite l’intrusion persécutive des autres. La déchirure, irréversible, dans le monde clos de la maison ne se refermera jamais plus. Le signifiant unique et idéal de la maison close, qui nouait réel, symbolique et imaginaire et soutenait la réalité depuis l’enfance en continuité avec le rêve parental, avait la fonction d’un sinthome. Une fois défait, ce sinthome ne peut plus jamais se reconstituer comme avant, comme on l’observe souvent dans la psychose.