2011
Cairn
Stéphane Laurens, « La division du sujet par l'influence d'autrui, prémisse du rapport dialogique », Bulletin de psychologie, ID : 10670/1.ippcf2
La grille de lecture individualiste, largement adoptée par la psychologie sociale, donne à voir la relation d’influence comme une domination. La cible – puisqu’elle a été influencée – perd son essence même (non autonome, non maître de ses choix…) et la psychologie sociale découvre ainsi un objet étrange : l’individu influencé (sous emprise, non responsable…) un subjectum à l’état d’agent.Une perspective dialogique, partant non de l’unité du sujet et de son corollaire, la notion d’individu (indivis), et posant que l’autre constitue le sujet lui-même, permet de sortir de cet invraisemblable paradoxe. L’autre n’est pas ce qui influence de l’extérieur une entité close, mais il offre ses opinions, sa perspective. Le sujet n’est pas influencé, il dispose des prises de position d’autrui et dialogue avec lui (réellement ou imaginairement). Dans cette logique, l’influence consiste non une aliénation, mais simplement en un changement de position subjective.