2012
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Gaëlle Tallet, « Interpréter les signes du dieu : une apparition de Mandoulis au temple de Kalabchah », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.is2niq
Un groupe de dipinti inscrits en Grec sur les murs du temple du dieu oraculaire nubien Mandoulis à Talmis-Kalabchah a suscité l’intérêt de nombreux commentateurs après leur publication par H. Gauthier en 1910. Tous se sont étonnés du mélange de versification et de références mythologiques grecques élaborées et de conceptions théologiques proprement égyptiennes. A. D. Nock a vu dans ces proskynemata très particuliers l’œuvre d’un officier romain de haut rang en tournée dans la garnison voisine de Talmis et qui, comme beaucoup de jeunes Grecs et Romains, aurait ainsi exprimé sa fascination pour les traditions égyptiennes et sa soif de connaissance et de signes du divin.Mais il est difficile de concevoir qu’un voyageur romain ou grec ait pu de la sorte pénétrer dans un temple égyptien en fonctionnement et y inscrire ces textes, sans contrôle du clergé local. Bien plus, il nous semble que ces hymnes oraculaires grecs ont été élaborés dans des milieux sacerdotaux égyptiens. Ils montrent combien les prêtres égyptiens, déjà au IIe et au IIIe s. apr. J.-C., étaient imprégnés d’hellénisme ; ils pouvaient interpréter le dieu nubien Mandoulis comme une forme locale d’Apollon ou d’Aiôn, la figure grecque de l’Éternité. Mais la nature même des signes du dieu demeure profondément égyptienne au-delà de l’interpretatio Graeca.