10 avril 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.1163/18778372-04603003
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Salah Natij, « De l' avarice comme genre de vie : une contribution à la lecture de Kitâb al-Bukhalāʾ de Jâhiz », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10.1163/18778372-04603003
Dans cet article, nous défendons l’hypothèse selon laquelle ce que al-Ğāḥiẓ tenta de mettre à nu, de critiquer et de problématiser dans Kitāb al-buḫalāʾ (le Livre des avares), ce n’est pas seulement le phénomène de l’avarice comme conduite socio-économique, mais surtout le discours de l’avarice comme symptôme révélateur du choix d’une forme de vie. Pour employer un concept élaboré par Marcel Mauss, nous dirions que pour al-Ğāḥiẓ, le phénomène de l’avarice constitue un « fait social total ». Car c’est de cela qu’il s’agit en effet dans la structure de l’avarice dans la mesure où l’on saura y voir et l’analyser, comme le fait al-Ğāḥiẓ, non comme un simple acte de donner et/ou de recevoir mettant en jeu uniquement un aspect économique, mais comme un condensé de tous les faits qui constituent l’espace socioculturel, une sorte de coupe transversale dans le corps de la société. La question posée par al-Ğāḥiẓ dans cet ouvrage est celle du lien social en général, de la vie communautaire en particulier et, plus spécifiquement encore, du sens de l’amitié dont l’autre, qui entend vivre avec moi dans la même société, est capable de faire preuve. C’est pour cela que nous voyons al-Ğāḥiẓ insister sur le fait que l’avarice n’est pas un fait d’économie, elle se manifeste et agit surtout en tant qu’elle engage le choix d’une forme de vie et d’un mode de présence en société, choix qui détermine à son tour chez les avares un mode d’appropriation et d’emploi du langage dans le discours.