Qu’on dise… le langage sert à vivre.

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2023

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Dorothée Legrand, « Qu’on dise… le langage sert à vivre. », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.iufrep


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Qu'on dise… le langage sert à vivre. Dorothée Legrand 1 Maurice Merleau-Ponty et le silence de l'Être Une des possibles déshumanisations de l'humain passe par la mutilation de son corps parlant : spécifiquement, par l'amputation de sa langue, l'effacement de sa parole, son exclusion du langage-« car l'homme n'a pas été créé deux fois, une fois sans langage, et une fois avec le langage » 1. S'exprime ainsi Émile Benveniste, connu comme linguiste français, d'abord prénommé Ezra, né à Alep, en Syrie, d'une famille juive. Il dit encore : « Le langage est dans la nature de l'homme, qui ne l'a pas fabriqué », le langage n'est donc pas un « instrument » pour l'homme ; « nous n'atteignons jamais l'homme séparé du langage et nous ne le voyons jamais l'inventant […]. C'est un homme parlant que nous trouvons dans le monde, un homme parlant à un autre homme, et le langage enseigne la définition même de l'homme » 2. Benveniste précise : « bien avant de servir à communiquer, le langage sert à vivre » 3. Mais qu'est-ce que le langage en tant qu'il sert à vivre ? Disons d'abord que le langage n'est ni tout à fait la parole ni tout à fait la langue. Langage, langue, parole-les significations de ces termes et leurs distinctions ne se recouvrent pas d'un idiome à un autre. Cela aura déjà intéressé Ferdinand de Saussure : « en allemand Sprache veut dire « langue » et « langage » ; Rede correspond à peu près à « parole », mais y ajoute le sens spécial de « discours ». En latin sermo signifie plutôt « langage » et « parole », tandis que lingua désigne la langue » 4. Pour Benveniste, la langue « ne se confond pas avec le langage » : le langage est une « faculté humaine, caractéristique universelle et immuable de l'homme » qui « se réalise toujours dans une langue, dans une structure linguistique définie et particulière, inséparable d'une société définie et particulière » 5. Lisant Saussure, Maurice Merleau-Ponty quant à lui insistera sur l'idée que la parole « suppose la langue mais la produit et reproduit-langue non définissable sans [parole] » 6. Ce qui intéresse ici le philosophe est une « analyse de sujet en situation dans langue » 7 : « en prenant pour sujet la parole, nous indiquons, non travail de psychologie (parole au sens de simple réalisation individuelle facultative) mais volonté de prendre la langue telle qu'elle est impliquée dans l'opération vivante de parler […dans] l'institution de la langue elle-même en tant que comme telle elle fait appel à l'effectuation dans la parole, et n'est même que schéma de paroles possibles, et lieu des paroles échangées » 8. On comprend ici que, pour Merleau-Ponty, si la langue est un système, elle ne l'est que « dans la mesure où elle est reprise par communauté des sujets parlants » 9 : loin d'être abstraite,

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