2008
Cairn
Édith Lhomel, « De Quinze à Vingt-sept : Les nouveaux Etats membres face à la construction européenne », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.ivix30
L’adhésion de huit pays d’Europe centrale et balte le 1er mai 2004 est considérée, plus de trois ans après, comme un succès économique par la quasi-totalité des Etats membres. Cependant, cette success story s’est accompagnée d’un certain nombre de frictions sur le plan politique. Tout d’abord, il a fallu composer avec un indéniable sentiment de suspicion de part et d’autre : alors que des franges de l’opinion publique dans l’UE-15 s’inquiétaient des risques de dumping social pratiqué par ces nouveaux venus, ces derniers, victimes dans certains domaines d’un traitement, selon eux, inéquitable (agriculture, ouverture des frontières) ou trop intransigeant (sécurité nucléaire, dispositif d’absorption des fonds communautaires, entrée dans la zone euro), se sont jugés discriminés. Le consensus européen s’est également trouvé mis à mal lorsqu’il s’est agi d’adopter face à une Russie déterminée à faire de l’enjeu énergétique une arme de sa politique extérieure, une attitude de plus ou moins grande fermeté. Mais, unis, face «aux anciens», sur certains dossiers, les nouveaux Etats membres (NEM) n’ont cependant pas tous adopté l’attitude frondeuse de la Pologne. Dans une Union européenne aux prises avec les épineuses questions du devenir du traité constitutionnel et du rythme de son élargissement, les NEM se sont montrés, selon les sondages, apparemment plus soucieux du renforcement de la construction communautaire, d’autant qu’ils ont, compte tenu de leur niveau de développement moins élevé, tout intérêt au maintien, en l’état, de la Politique agricole commune et de celle de la cohésion économique et sociale. A l’inverse, face à l’instabilité politique et au regain de populisme auxquels plusieurs d’entre eux sont confrontés, face également aux orientations économiques souvent très libérales empruntées par la plupart et, enfin, face à la solidarité atlantiste prônée par l’ensemble des NEM, l’UE à Vingt sept n’apparaît-elle pas, en définitive, plus divisée que jamais, du moins plus fragile ?