Du risque de la mort pendant le parcours migratoire à la reconstruction d’une identité post mortem pour les personnes décédées et leurs communautés d’appartenance

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2023

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Christina Alexopoulos-de Girard et al., « Du risque de la mort pendant le parcours migratoire à la reconstruction d’une identité post mortem pour les personnes décédées et leurs communautés d’appartenance », Études sur la mort, ID : 10670/1.ivp0bw


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Le texte interroge les liens entre la mort en exil, potentielle, probable ou advenue, et les modalités d’une reconstruction identitaire aux niveaux individuel et collectif, à travers la perspective de périr en tant que réalité psychique et sociale présente tout au long de l’expérience migratoire, comme une donnée immanente, inhérente aux périls du périple, mais aussi transcendante, reliée à une intentionnalité politique de dissuasion qui peut prendre des allures de destinée pour les personnes concernées. En prenant appui sur des consultations thérapeutiques menées en centre d’hébergement d’urgence, l’article s’intéresse aux différentes modalités de faire face à la terreur de la perspective d’une mort probable chez les personnes en situation d’exil qui fuient la guerre, la torture, les persécutions génocidaires, aux mécanismes de défense face aux violences subies, à la réception et à l’élaboration de la mort en tant que réalité crainte et advenue, chez le sujet, sa communauté et la société civile dans son ensemble. L’enterrement en terre d’exil selon des rites qui marquent l’ancrage culturel d’origine des défunts permet d’explorer une des modalités possibles de réappropriation d’une identité post mortem tant pour les personnes décédées que pour leurs communautés d’appartenance et de référence. L’exemple des Algériens de Nouvelle Calédonie illustre la construction d’une identité interculturelle à partir de la création d’un cimetière musulman à la fin du XIXe siècle servant à une inscription identitaire en terre d’exil par le biais de cette inscription des corps-morts en migration. Enfin exister à travers la médiatisation de sa mort à défaut d’avoir été reconnu de son vivant dans son humanité en souffrance est le propre des personnes mortes pendant un parcours migratoire marqué par des violences systémiques. L’inscription des pratiques funéraires dans un ordre culturel propre à sa culture d’origine peut être à la fois un apprivoisement de la terre d’exil qui devient de la sorte une terre d’accueil et une réhabilitation de sa capacité d’autodétermination, constitutive de sa reconnaissance de sujet.

The text examines the links between death in exile, whether potential, probable or actual, and the modalities of identity reconstruction at the individual and collective levels, through the prospect of perishing as a psychic and social reality present throughout the migratory experience, as an immanent fact, inherent to the perils of the journey, but also transcendent, linked to a political intention of dissuasion that can take on the appearance of destiny for the persons concerned. Based on therapeutic consultations in emergency shelters, the article looks at the different ways in which people in exile fleeing war, torture and genocidal persecution cope with the terror of the prospect of probable death, the defence mechanisms against the violence they have suffered, and the reception and elaboration of death as a feared and actual reality for the subject, his or her community and civil society as a whole. Burial in the land of exile according to rites that mark the cultural anchorage of the deceased allows us to explore one of the possible modalities of reappropriation of a post-mortem identity both for the deceased and for their communities of belonging and reference. The example of the Algerians in New Caledonia illustrates the construction of an intercultural identity based on the creation of a Muslim cemetery at the end of the 19th century, which serves as a means of inscribing identity in a land of exile by inscribing bodies that have died in migration. Finally, to exist through the mediatisation of one’s death, in the absence of having been recognised during one’s lifetime in one’s suffering humanity, is characteristic of people who died during a migratory journey marked by systemic violence. The inclusion of funeral practices in a cultural order specific to one’s culture of origin can be both a taming of the land of exile, which thus becomes a land of welcome, and a rehabilitation of one’s capacity for self-determination, constitutive of one’s recognition as a subject.

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