2019
Cairn
Austin R. Cooper, « The Rapport Laroque-Ollive Revisited: Economy, Social Citizenship and African Migration in Interwar France », Outre-Mers, ID : 10670/1.iwh8dj
Le rapport Laroque-Ollive a été rédigé entre 1937 et 1938 par Pierre Laroque – qui deviendra l’un des architectes de la Sécurité Sociale en France – et François Ollive, son collègue au Conseil d’État. Ils proposent une assurance médicale et des allocations familiales pour renforcer les droits sociaux des migrants nord-africains. Ces recommandations faisaient partie d’un plan plus large de réforme coloniale sous le Front Populaire, tout comme le projet Blum-Viollette qui visait à donner la citoyenneté à une fraction des musulmans en Algérie. Dans sa partie la plus controversée, le rapport critiquait le mélange singulier d’assistance sociale et de surveillance policière auxquels étaient soumis les Nord-Africains à Paris. Ceci lui a valu l’hostilité des services chargés de cet encadrement, mais le soutien de Maurice Viollette. Pour justifier leurs réformes en termes d’économie et de droit, Laroque et Ollive ont mobilisé certaines interprétations de la différence nord-africaine qui se trouvaient au cœur du projet colonial français. L’analyse économique, en particulier, reconduit des stéréotypes ethniques, et l’argumentation juridique renforce la hiérarchie des droits et des obligations qui caractérisait la citoyenneté coloniale dans les territoires français d’Afrique du Nord. Le rapport Laroque-Ollive illustre ainsi les tensions au sein du réformisme colonial d’inspiration libérale pendant l’entre-deux-guerres.