Le rire et la psychose

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2022

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Nicolas Brémaud, « Le rire et la psychose », L'information psychiatrique, ID : 10670/1.iyoijo


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Le rire psychotique est à prendre au sérieux. Au début du xxe siècle, Mlle Pascal – dans ses travaux sur la démence précoce – soulignait que son étude pouvait être une aide pour le diagnostic. Peu d’études cependant lui ont été consacrées. Nous verrons, au travers d’une revue de la littérature psychiatrique, quelles sont les particularités cliniques du rire psychotique. À partir de ces premières études, à partir de ces considérations cliniques, nous proposerons d’approcher le rire dans la psychose – dans sa version « immotivée » notamment – à partir de la théorie psychanalytique. Nous serons conduits à aborder les « éclats » du rire psychotique comme des éclats de réel, des bouts de réel, hors symbolique, hors sens, hors lien à l’autre. Nous verrons que leur brusquerie, leur soudaineté, peuvent relever de la « contrainte » (Kraepelin), et que leur nécessité à « sortir » peut s’appréhender sous l’angle de la tentative d’extraction de l’objet (a) (Lacan). Enfin, nous aurons à considérer le rire psychotique dans ses rapports au corps, à l’affect, à l’inconscient, et à la « voix » en tant qu’objet pulsionnel.

Psychotic laughter is to be taken seriously. At the beginning of the twentieth century, Miss Pascal, in her work on early-onset dementia, stressed that studying it could be an aid for diagnosis. Few studies, however, have been devoted to it. This article approaches the clinical characteristics of psychotic laughter through a review of the literature. From these first studies, and on the basis of these clinical considerations, we propose to approach laughter in psychosis—in its “unmotivated” form in particular—from the perspective of psychoanalytic theory. We will approach the “bursts” of psychotic laughter as bursts of reality out of symbolism, out of meaning, out of connection to the Other. We will see that their abruptness, their suddenness, may be related to “constraint” (Kraepelin), and that their necessity to “burst out” can be understood from the perspective of the attempt to extract the object (a) (Lacan). Finally, we will consider psychotic laughter in its relation to the body, to affect, to the unconscious, and to the “voice” as a pulsating object.

La risa psicótica debe tomarse en serio. A prin-cipios del siglo XX, la serñorita Pascal, en sus trabajos sobre la demencia precoz, destacó que su estudio podía ser una ayuda para el diagnóstico. Sin embargo, son pocos los estudios que se han dedicado a ello. Veremos, a través de un repaso de la literatura psiquiátrica, cuáles son las características clínicas de la risa psicótica. À partir de estos primeros estudios y partiendo de estas consideraciones clínicas, pro-pondremos abordar la risa en la psicosis - en su versión “inmotivada” en particular – desde el punto de vista de la teoría psicoanalítica. Seremos llevados a abordar los “estallidos” de la risa psicótica como estallidos de realidad,trozos de realidad, fuera de lo simbólico, fuera del sentido, fuera del vínculo con el Otro. Veremos que su aspereza, su repentinidad, pueden responder a una “coacción” (Kraepelin), y que su necesidad de “salir” puede entenderse desde el punto de vista del intento de extracción del objeto (a) (Lacan). Por último, habrá que considerar la risa psicótica en su relación con el cuerpo, con el afecto, con el inconsciente y con la “voz” como objeto pulsional.

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