Le conspirateur, le saboteur et le tyran : la figure du traître dans l’URSS stalinienne

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Arthur Guezengar, « Le conspirateur, le saboteur et le tyran : la figure du traître dans l’URSS stalinienne », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.izq35f


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Résumé En Fr

The figure of the traitor played a decisive role in the political, economic, and social structure of the Stalinist USSR, but also in the latter's representations abroad. This figure then takes different forms, which obey several ideological functions of the regime. The figure of the conspirator is thus used as a tool of political struggle by the Stalinist power to eliminate its opponents, in particular during the Moscow trials. Particularly significant in the case of Bukharin, it appears as a means of controlling the state apparatus by eliminating executives who may represent a counter-power. The figure of the saboteur is then presented as a tool in the service of the regime's economic and social policy. The traitor then goes beyond the framework of former Party members to extend to all undesirable social categories (kulaks, petty criminals, peasants fleeing collectivization). Any man is therefore likely to become a traitor, thus fueling the gigantic prison system that is the Gulag to operate an economy based on forced labor. Finally, the figure of the traitor also appears as a tool used by opponents of the regime, in particular Trotskyists, in their political struggle against Stalinism. The traitor then becomes Stalin himself, accused of having betrayed and misled the ideals of the revolution for his own benefit. Through these three cases, the figure of the traitor therefore appears as an ideological tool aimed at structuring representations and from which economic and social policies will be able to be articulated.

La figure du traître a joué un rôle décisif dans la structure politique, économique, et sociale de l’URSS stalinienne, mais également dans les représentations de cette dernière à l’étranger. Cette figure prend alors différentes formes, qui obéissent à plusieurs fonctionnalités idéologiques du régime. La figure du conspirateur est ainsi utilisée comme un outil de lutte politique par le pouvoir stalinien pour éliminer ses opposants en particulier lors des procès de Moscou. Particulièrement prégnante dans le cas de Boukharine, elle apparaît comme un moyen de contrôler l’appareil d’État en éliminant les cadres pouvant représenter un contre-pouvoir. La figure du saboteur se présente ensuite comme un outil au service de la politique économique et sociale du régime. Le traître dépasse alors le cadre des anciens membres du parti pour s’étendre à l’ensemble des catégories sociales indésirables (koulaks, petits délinquants, paysans fuyant la collectivisation). Tout homme est dès lors susceptible de devenir un traître, alimentant ainsi le gigantesque dispositif carcéral qu’est le Goulag pour faire fonctionner une économie fondée sur le travail forcé. Enfin la figure du traître apparaît également comme un outil utilisé par les opposants au régime, en particulier trotskistes, dans leur lutte politique contre le stalinisme. Le traître devient alors Staline lui-même, accusé d’avoir trahi et dévoyé les idéaux de la révolution pour son propre bénéfice. À travers ces trois cas, la figure du traître apparaît donc comme un outil idéologique visant à structurer les représentations et à partir de laquelle les politiques économiques et sociales vont pouvoir s’articuler.

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