2008
Cairn
David Gaatone, « Les marqueurs d'intensité et les locutions verbales : quelques réflexions », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.j0bsq7
Il est généralement admis que les marqueurs de degré beaucoup, autant, tant d’une part, et très, aussi, si de l’autre, sont en distribution complémentaire. Ceux-là peuvent désigner tant la quantité que l’intensité et portent sur les substantifs et les verbes. Ceux-ci ne désignent que l’intensité et portent sur les adjectifs et les adverbes. Cette distribution n’est cependant plus valable dans le cas, parmi d’autres, de certaines locutions verbales, telles que avoir faim, où l’on rencontre plutôt les marqueurs de la seconde série. Ce phénomène n’est pas toujours aisément explicable par le sémantisme de sensation ou état, qui est souvent celui de ces locutions. Il reflète peut-être la tendance des intensifieurs « purs » à évincer, dans divers contextes, leurs concurrents à la fois intensifieurs et quantifieurs. En tout cas, cet emploi doit être noté dans le lexique comme propriété idiosyncrasique pour chaque locution verbale intensifiable.