2021
Cairn
Marie-Bénédicte Vincent, « L’interdiction de l’Anschluss dans les traités de paix de 1919 : Aspects économiques d’une question politique », Revue de l'OFCE, ID : 10670/1.j0dr8h
Dans sa proclamation du 12 novembre 1918, l’Assemblée nationale provisoire de « l’Autriche allemande » ( Deutschösterreich) se proclame « République démocratique » (article 1) et « composante de la République allemande » (article 2). Dès sa naissance, la question de l’ Anschluss, c’est-à-dire l’union sous une forme à déterminer avec l’Allemagne, est à l’agenda de la « petite » Autriche, née à l’issue de la Première Guerre mondiale à côté des autres États successeurs de la double monarchie. Des négociations sont menées avec l’Allemagne fin février 1919 en vue d’accélérer le processus. Mais l’ Anschluss fait l’objet d’une double interdiction dans le Traité de Versailles du 28 juin 1919 (article 80) et dans le Traité de Saint-Germain du 10 septembre 1919 (article 88). En insistant sur la situation économique et sociale de l’Autriche à l’issue de la Première Guerre mondiale, cet article veut montrer d’une part que l’ Anschluss est surtout à cette date une demande émanant de l’Autriche allemande en plein chaos et d’autre part que les aspects économiques jouent un grand rôle non seulement dans les discussions avec l’Allemagne, mais aussi à la Conférence de la Paix, qui s’ouvre à Paris en janvier 1919 : l’Autriche est en effet contrainte dès fin 1918 de demander une aide alimentaire aux États-Unis et à l’Entente, ce qui la place dans une position de dépendance vis-à-vis des vainqueurs de la guerre.