2016
Cairn
Jean-Yves Le Fourn et al., « La force de l’ennui, ici ou là », Enfances & Psy, ID : 10670/1.j0p0b8
L’ennui est l’affect que notre modernité friande d’agitation veut ignorer ou mettre de côté. Et comme l’enfant qui présente ce que nous voulons ignorer nous inquiète de trop, on peut soit dramatiser l’ennui, soit décréter contre toute évidence que jamais l’enfant ne s’ennuie. Les acteurs de cet entretien ont désiré alléger la réflexion du poids de tels préjugés. Oui, l’enfant non seulement s’ennuie mais il peut être tout à fait souhaitable qu’il en passe par de tels moments où l’environnement et l’autre déçoivent, mais où, également, les propres capacités psychiques et physiques de l’enfant à changer son environnement semblent alors en panne. L’ennui est ici l’affect d’une latence. À rebours, ce qui a été observé au contact de jeunes qui avaient combattu dans des circonstances cruelles en Afrique est bien que l’ennui ne peut fleurir dans des contextes de suractivité et de menace. C’est lors de leur resocialisation que la capacité de s’ennuyer a pu se développer à nouveau.