Jean-Baptiste Chassignet

Résumé 0

Redécouvrant les sonnets du Mespris de la vie et consolation contre la mort parus à Besançon en 1594, le XIX e siècle vit en Jean-Baptiste Chassignet un Chatterton ayant prophétisé en vers sa mort prématurée. Depuis les études de l'art baroque au milieu du XX e siècle et le renouvellement de l'intérêt pour son oeuvre poétique, on discerne mieux sa figure d'officier de justice lettré, comparable à celle d'autres érudits bisontins ou comtois contemporains, tels les Chifflet. Né à Besançon vers 1571, fils du médecin et co-gouverneur Jacques Chassignet, Jean-Baptiste mourut à Gray en 1635, au terme d'une carrière modeste en tant qu'avocat fiscal au siège et ressort du bailliage de Gray. Plusieurs faits purent lui avoir entravé l'accès à une charge plus importante au parlement de Dole. En particulier, issu par sa mère, Claudine de Saline ainsi qu'il la nomme, de la famille de Salive(s), l'entrée au parlement put lui être interdit par la présence de parents déjà magistrats. Par ailleurs, un manuscrit poétique antérieur au Mespris (OEuvres sacrez, préface datée de 1592), indique une trajectoire confessionnelle d'apostat. Converti au protestantisme et s'inscrivant vers 1592 dans la clientèle d'Henri IV, Chassignet abjura ensuite à une date non connue. Cette affiliation au catholicisme officiel du comté de Bourgogne et de la municipalité de Besançon fut publiée par l'impression du Mespris en 1594. Néanmoins, malgré le titre de docteur en droits civil et canon qu'il faisait valoir par ce recueil de vers et le suivant, les Paraphrases sur les douze petis prophetes du vieil testament (Besançon, 1601), il ne semble pas avoir été admis dans sa charge d'avocat fiscal avant 1601. À ce titre, représentant de l'autorité civile dans son ressort, il jouait également un rôle de consultant ou rapporteur auprès du souverain, ce qui lui permit sans doute de se prévaloir dans des écrits ultérieurs de la dignité de « conseiller » de l'archiduc Albert d'Autriche.