2019
Cairn
Anne Salmon, « Interventions sociales et démocratie : une approche épistémologique », Connexions, ID : 10670/1.j4qy00
Pour certains auteurs, les techniques d’intervention sociale pourraient être appréhendées sous l’angle d’un processus de normalisation. Cette perspective assez pessimiste peut être confortée empiriquement par l’étude des dispositifs managériaux qui tendent de nos jours à encadrer les interventions sociales. Il n’empêche que, dans le même temps, le foisonnement d’initiatives citoyennes (par exemple celles qui se réclament de l’économie solidaire) est symptomatique d’un mouvement inverse visant la démocratisation des pratiques. Ce sont en fait deux tendances opposées allant de la stricte expertise plus ou moins coercitive de « spécialistes-juges » à l’implication plus ou moins participative « de citoyens-usagers » qu’il faut repérer. Ces tendances offrent à l’observateur une réalité moins monolithique qu’il n’y paraît. Si l’on peut suivre le processus de normalisation comme l’une des voies de la modernisation, il n’en demeure pas moins que les interventions qui s’y rapportent sont en permanence contestées au nom d’autres principes qui, réactivés, pluralisent les solutions occidentales. C’est en définitive sur une toile de fond composite que s’affrontent différentes modalités d’interventions humaines. Deux formes seront examinées ici. Chacune d’elles s’ancre dans une épistémologie particulière : intervenir sur le monde (avec la science classique et Descartes) et intervenir avec le monde (avec l’École de Copenhague et Dewey).