10 novembre 2021
Clara Filet, « Dynamiques d’urbanisation et réseaux d’interactions dans le monde celtique transalpin (IVe – Ier s. BCE) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.j5ho9t
Au cours des quatre derniers siècles avant le changement d’ère, l’émergence de grandes agglomérations au nord des Alpes engage une modification profonde et sans retour des modes de vie des populations d'Europe continentale. Ce travail de thèse vise à proposer un regard neuf sur les modalités de développement de ces sites dans le monde laténien, en analysant l’évolution de la circulation des humains et des biens qui a accompagné leur essor.Le recensement de 812 sites d’habitat groupé (agglomérations ouvertes ou fortifiées), dans dix pays de la France à la Slovaquie, permet de proposer une image renouvelée de l’ampleur de la vague de création d’agglomérations entre le IVe et le Ier s. BCE. L’étude chronologique et fonctionnelle de leur mise en place offre ainsi une perspective globale des processus d’agglomération de l’habitat à l’échelle de l’Europe laténienne, en soulignant les périodes charnières, les rythmes et les spécificités régionales. Le développement des agglomérations du second âge du Fer se conçoit alors comme le résultat de processus multiples et combinés, à l’articulation de dynamiques européennes, régionales et locales.En concentrant humains et activités, certaines de ces agglomérations ont, dès le IIIe s., polarisé les circulations des personnes, des produits et des idées, de l’échelle locale à l’échelle inter-culturelle. À travers une étude multiscalaire des interactions et de la mobilité des humains et des biens au cours du second âge du Fer, ce travail de thèse permet de caractériser le rôle de ces sites au sein de leurs réseaux économiques, politiques et sociaux, et d’explorer comment certains d’entre eux se sont établis comme de véritables « lieux centraux ». De l’analyse des données aux modèles théoriques, il cherche également à proposer des outils méthodologiques et conceptuels pour approcher les réseaux urbains anciens et les interactions passées, en croisant concepts et méthodes de l’archéologie, de la géographie, de la physique et de la science des systèmes complexes.Cette thèse dessine ainsi une conception plus large de l’urbanisation, pour laquelle le développement de traits urbains ne se résume pas aux seuls caractères intrinsèques des agglomérations : celui-ci est à replacer au cœur des dynamiques territoriales, comme l’émergence non pas d’un nouveau type de site d’habitat, mais de véritables territoires urbanisés. Au terme de ce travail, les circulations des biens et des personnes apparaissent ainsi comme des composants essentiels des processus de développement urbain en Europe continentale.