Les adolescents et leur rapport au débat public à travers les réseaux sociaux

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Certains porte-paroles de communautés traditionnellement opprimées condamnent aujourd’hui publiquement, sur les réseaux sociaux, les violations d’un respect qui leur serait dû. Cet état de fait peut mener à des conséquences graves, comme le montre l’assassinat de Samuel Paty, vilipendé initialement sur Facebook au prétexte qu’il aurait manqué de respect à la religion musulmane. Sur les réseaux sociaux, le débat public selon l’acception de Jürgen Habermas – c’est-à-dire comme discussion argumentée visant au bien commun – fait place à une guerre des morales et des identités. Les adolescents sont des usagers des réseaux sociaux, lesquels représentent pour eux un lieu d’information et d’expression. Dans le cadre de notre métier d’enseignante, nous avons observé et mené des séances pédagogiques, puis réalisé un entretien avec des élèves, afin de les amener à réfléchir à la façon dont des sujets polémiques ont été vivement condamnés sur les réseaux sociaux. À travers une analyse de leurs dires et de leurs usages numériques, nous percevons que ces jeunes envisagent un débat public assez polarisé, qui passe davantage par les réseaux sociaux que par les cadres traditionnels du débat démocratique.