2015
Cairn
Francis Croissant, « Observations sur le sarcophage de Polyxène et les styles de l’Ionie du Nord à la fin de l’archaïsme », Revue archéologique, ID : 10670/1.j7y0r3
Le sarcophage en marbre dit « de Polyxène », trouvé en 1994 près de Gümüsçay en Turquie, s’il a été déjà assez souvent commenté, n’a encore fait l’objet d’aucune publication exhaustive. Il constitue pourtant un document majeur sur l’art grec de la fin de l’archaïsme et pose des problèmes difficiles, notamment du point de vue de l’iconographie, qui a jusqu’à présent surtout retenu l’attention. Mais les questions de style ne sont pas moins cruciales, même s’il a fallu attendre 2007 pour qu’un article leur soit spécialement consacré. Encore cette étude, qui comporte pour la première fois une illustration complète, et replace à juste titre les reliefs dans le cadre régional tracé en 1975 par le dernier livre d’Ernst Langlotz, c’est‑à‑dire l’Ionie du Nord, laisse‑t‑elle de côté quelques aspects essentiels du monument : les affinités évidentes de celui‑ci avec la peinture attique de la fin du vie s., notamment, et la diversité interne que fait vite apparaître un examen attentif des visages appellent une explication. Or l’analyse comparative des profils conduit à y retrouver les trois principaux modèles stylistiques — créés selon toute apparence à Phocée, à Clazomènes et en Éolide — qu’avait mis en évidence dès 1983 l’étude des protomés féminines de terre cuite. Il est donc probable que l’atelier qui, vers 520 av. J.‑C., vint sur les rives de la Propontide exécuter la commande d’un membre de l’élite locale réunissait, autour d’un maître d’œuvre sans doute clazoménien, plusieurs sculpteurs de la région. Ainsi se trouve brillamment confirmée la vitalité de ces centres de création de l’Ionie du Nord, dont les protomés permettaient déjà de supposer qu’ils avaient joué parallèlement, par l’intermédiaire d’artistes immigrés, un rôle majeur dans l’évolution de l’art attique, notamment dans la naissance et le développement de la peinture à figures rouges.