30 novembre 2021
Laura Guérin, « L’appropriation spatiale comme résistance habitante. Ethnographie de résidences sociales issues de foyers de travailleurs migrants. », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.j88tyv
Depuis 1997, les foyers de travailleurs migrants sont inscrits au Plan de Traitement les transformant en résidences sociales. Ces transformations visent, d’une part, une mise aux normes de salubrité et de sécurité des bâtiments construit dans les années 1960 et 1970 devenus vétustes et d’autre part, la transformation de leurs espaces de vie. Le foyer subsaharien auparavant caractérisé par ces espaces exclusivement collectifs voit son architecture individualisée et ses pratiques spatiales, en particulier collectives, encadrées par de nouveaux règlements intérieurs.Au travers d'une ethnographie réalisée auprès d’habitants originaires de la vallée du Fleuve Sénégal de trois résidences franciliennes à Paris, Saint-Denis et Stains, entre 2016 et 2020, la thèse se propose d’analyser les processus d’appropriation des nouveaux espaces de la résidence post-résidentialisation.Cette thèse met en lumière la réorganisation du quotidien par les habitants et la réappropriation de leurs espaces de vie face aux gestionnaires. En effet, au cœur des espaces individualisés, le quotidien habité devient résistant lorsqu’il tente de maintenir la visibilité voire l’existence des collectifs habitants entre les murs de la nouvelle résidence sociale. C’est cette permanence du collectif malgré la résidentialisation, sa diffraction au fil des espaces (individuel, collectif et intermédiaire) et sa régulation par la pluralité des entrepreneurs de morale (gestionnaires et habitants) que cette thèse analyse. Pluriel, ces collectifs laissent apparaître les nombreuses relations de pouvoir qui traversent la résidence, entre résidents et gestionnaires, mais également au sein du groupe résident qui semble alors bien plus hétérogène que les discours officiels semblent le présenter.