La "guerre d'Espagne": une histoire nationale en mutation

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2007

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François Godicheau, « La "guerre d'Espagne": une histoire nationale en mutation », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.j9w85a


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Résumé Fr

Il ne s'agit pas ici de faire un bilan historiographique détaillé du 70 e anniversaire du début de ce qu'il est convenu d'appeler la guerre d'Espagne, ou guerre civile espagnole, mais de proposer à des collègues non spécialistes un état de la recherche, sur un champ qui peut dérouter l'enseignant soucieux de transmettre une histoire actualisée. Non pas que, pour celui qui en aborde l'étude, les coordonnées de la guerre civile ne soient pas suffisamment déterminées et les problématiques trop complexes. C'est bien le contraire, et là est la difficulté : nous savons tous quelque chose sur la guerre d'Espagne, nous sommes tous capables de réciter une partie de la légende. Cet événement fait partie des histoires « bien connues », quelquefois trop bien, au point que certains renoncent à la recherche, surtout à l'étranger, c'est à dire hors d'Espagne. Pour les amateurs d'une histoire magistra vitae, il s'agit d'un champ privilégié : les identités y sont nettes, bien distribuées, le scénario tragique, les leçons relativement faciles ; et il y en a pour tout le monde, pour toutes les chapelles politiques, et même – actuellement, cela se fait beaucoup – pour ceux qui professent une aversion pour toutes les chapelles et imaginent une « troisième Espagne » victime des extrémismes et des passions politiques. Finalement, le principe « à chacun sa guerre d'Espagne », où chaque groupe était porteur d'une vérité définitive, a été longtemps toléré, même si les chercheurs amateurs d'une histoire dépassionnée ont souvent préféré se détourner de cet objet, par trop « militant ». La guerre d'Espagne est devenue à ce compte un sujet d'attention presque exclusif de descendants d'exilés espagnols et d'étudiants d'extrême gauche ; et, quand elle est intégrée au tableau européen de la période, c'est à partir des images les plus courantes comme la répétition générale de la Deuxième Guerre mondiale, la grande cruauté des guerres civiles, la montée des fascismes ou la malignité soviétique ou stalinienne. Mais que surgissent ceux que l'on appelle les « révisionnistes » et qui mériteraient plus exactement le qualificatif de « négationnistes », et tout se trouble 1. Tout relativisme idéologique disparaît et il faut se battre pour une vérité, seule, unique, consensuelle. Cette vérité, elle n'est plus tant à chercher sous la plume des historiens militants qui sont nombreux à noircir des pages, mais dans les « dernières recherches » des historiens espagnols ou étrangers qui travaillent sur la question, et dont on pourra vulgariser les travaux, dont on se servira comme d'autant de boucliers « scientifiques » contre une offensive « politique ». On rejouera alors l'unité dans la diversité, contre l'ennemi fasciste, incarné par les figures des vendeurs de bestsellers que sont le publiciste Pío Moa et ses acolytes, effectivement soutenus par tout ce que le Parti Populaire espagnol compte de droitiers extrémistes. 1 Pour la discussion sur le révisionnisme et le négationnisme, voir Enzo Traverso, Le passé mode d'emploi. Histoire, mémoire, politique, Paris, La Fabrique, 2005 ; ainsi que Pablo Sánchez León & Jesús Izquierdo, La guerra que nos han contado, Madrid, Alianza, 2006.

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