16 juin 2016
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Olivier Forcade, « Conclusion. Le renseignement au début de la guerre froide, 1945-1955 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.jbo397
Pour ne pas être nouveau, le renseignement a gagné en force au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Sans conteste, la longue guerre-monde qui s'achève en des chronologies distinctes selon les pays l'a valorisé d'une manière exceptionnelle 1. Les actes de ce colloque en soulignent plusieurs aspects saillants. Que l'on parle de renseignement d'Etat, militaire, diplomatique ou policier, technologique ou économique, les relations entre Etats et organisations internationales ne peuvent plus le relativiser ou s'en passer. La permanence du renseignement dans la vie des Etats et dans la société internationale s'impose, comme une évidence gênée, jusqu'au coeur de la démocratie américaine qui avait cherché à le mettre entre parenthèse par la volonté contrariée du président Truman. Dès le printemps 1946, à l'heure où se perd la grande alliance née dans la guerre entre les Soviétiques, les Anglais et les Américains, Harry Truman lui-même est amené à jeter les bases d'un renseignement permanent, de temps de paix, sans en laisser un quelconque monopole à la Marine ou aux forces armées. Le Département de la Défense, le département de la Justice, le Département d'Etat notamment réorganisent progressivement, jusqu'au début des années 1950 et du mandat de Dwight Eisenhower à compter de 1953, un renseignement étatique. Ces années 1945-1955 dessinent bien les contours d'une « communauté du renseignement » américaine, dont le pivot est la loi sur la sécurité nationale de 1947. Le témoignage de Charles Cogan et l'analyse de François David mettent en évidence le rythme rapide de cette adaptation, dès 1947, dans le cadre d'une compétition bientôt acharnée des deux superpuissances.