20 septembre 2017
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Léa Tavenne, « Fortunes de mer, trésors de terre. Les naufrages le long des côtes roussillonnaises (1740-1790). Histoire et environnement », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.jbpo60
Par le biais d'un risque, celui de naufrage, cette approche géohistorique amène à penser l'espace des sociétés littorales à travers l'exemple du Roussillon au XVIIIe siècle. Les naufrages sont, à une époque où le vent est encore la seule énergie motrice, de véritables risques pour les navigants. Cette peur, génératrice d'une véritable culture du risque, est transmise à l'oral et à travers les expériences des hommes de mer. Mais si le risque de naufrage est une peur, il est également, au XVIIIe siècle, une sorte d'aubaine pour les communautés littorales. Témoins des naufrages, les habitants des côtes sont ensuite réquisitionnés pour ramasser et entreposer les débris et les cargaisons des bâtiments naufragés. Ces opérations de sauvements peuvent durer des semaines et mobilisent les communautés, générant ainsi une rentrée d'argent durant une période hivernale compliquée. Les habitants des communautés du bord de mer participent ensuite, en tant qu'acheteurs ou spectateurs, aux ventes aux enchères des débris et cargaisons ramassés. L'accueil des naufragés, les journées de sauvement et les ventes aux enchères sont génératrices de profits pour de nombreux acteurs. Le risque de naufrage est à l'origine d'une sorte d'économie de l'épave. Mais cette économie a, comme toute économie, une face cachée. Les vols des débris ou des cargaisons, qui semblent être fréquents lors des naufrages, permettent la mise en lumière des liens intra- et inter-communautés littorales. Le naufrage permet alors de comprendre l'importance de l'environnement côtier, et des risques qu'il implique, dans la structure même des sociétés littorales, de leurs pratiques et de leurs normes.