2018
Cairn
Corine Pelluchon, « Esthétique, phénoménologie de l’habitation de la Terre et considération », La Pensée écologique, ID : 10670/1.jf7bqk
L’appréciation esthétique de la nature implique un engagement du corps et contribue à élargir notre perception de nous-mêmes en nous faisant ressentir notre appartenance à la communauté biotique. Pourtant, l’esthétique environnementale ne se fonde pas sur la connaissance des phénomènes biologiques complexes ni même sur une éthique environnementale liée à la reconnaissance de la valeur intrinsèque des autres vivants. La capacité à admirer la nature indépendamment de l’usage que l’on en a supposé un décentrement du regard, mais ce dernier ne résulte pas de connaissances ou de normes. Il est plutôt le fruit d’une transformation de soi qui modifie en profondeur la manière dont le sujet se pense et perçoit la nature. Tel est le sens de la considération, qui unit l’éthique et l’esthétique, la capacité à admirer les animaux sans chercher à les dominer et le désir de prendre soin de la nature découlant d’un rapport à soi et au monde commun.