21 mai 2012
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Anne Gabrièle Wersinger Taylor, « La voix d’une « savante » : Diotime de Mantinée dans le Banquet de Platon (201d-212b) », HAL-SHS : philosophie, ID : 10.4000/mondesanciens.816
L’objet de l’article est de réexaminer le discours de Diotime, dans le Banquet de Platon, sous l’angle de la question de l’énonciation appliquée à une femme. On commence par étudier les effets d’un dispositif d’énonciation complexe, à la lumière de la théorie de l’ethos exposée au livre 3 de la République pour montrer que, au discours direct, Socrate, âgé de 53 ans, se fait le porte-parole d’une femme mûre et d’un jeune homme qui a des points communs avec Agathon, le célèbre compositeur efféminé ; Apollodore, qui est dans le Banquet le relais ultime de l’énonciation, est un personnage qui possède toutes les facultés requises pour mimer les voix les plus disparates. De multiples indices permettent d’affirmer que Platon n’a pas voulu que nous croyions à la réalité de Diotime. Conjoignant analyse de l’énonciation et analyse du contenu du discours, nous démontrons que la maîtrise masculine de l’accouchement a pour contrepartie la disparition de l’éjaculation et correspond à l’accouchement de logoi. L’analyse du mythe de la naissance d’Éros, confronté au mythe hésiodique, montre que la relation pédérastique se transforme en relation entre une sage-femme et une mère qui accouche de « beaux discours ». L’article s’achève en tirant les conséquences de la comparaison de la fonction de la sage-femme dans le Banquet et dans le Théétète.