3 juillet 2012
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Élodie Lacroix, « Mise en récits et réévaluation de l'Art Déco des années soixante à nos jours », Theses.fr, ID : 10670/1.jjj44r
L’étiquette « Art Déco » apparaît au milieu des années 1960 pour désigner des créations mobilières et architecturales de l’entre-deux-guerres. Les contours donnés au style évoluent cependant considérablement au fil des années, si bien qu’il est possible de distinguer trois grandes vagues de discours.La première, centrée autour de la France et de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, traite surtout du mobilier. Elle oppose souvent Art Déco et Modernisme et voit dans le premier le signe d’une société décadente, incapable de penser le monde de l’époque et de répondre à ses défis. L’Art Déco est condamné comme un prolongement anachronique du principe décoratif. Toutefois certains auteurs voient au contraire en lui « un dernier instant de bonheur ».La deuxième vague, essentiellement anglophone et américaine (alors que la première était plutôt italienne et française), repose sur une logique tout à fait différente. Apparaissant elle aussi dans les années 1960, elle accorde davantage de place à l’architecture. Elle fait de l’Art Déco une modernité alternative, un autre moderne, et rejoint les théories postmodernes qui se développent à partir des années 1970.La troisième, enfin, plus tardive, puisqu’elle commence dans les années 1980, se situe dans le prolongement de la deuxième. Elle se fonde sur les notions de malléabilité et d’hybridité et considère l’Art Déco comme une grammaire commune susceptible d’être adaptée dans des contextes très différents les uns des autres. Reposant sur un mouvement patrimonial puissant, elle s’observe aussi bien au sujet de Miami Beach que de Bombay/Mumbai ou Napier (Nouvelle-Zélande). Dans le monde francophone, cependant, cette approche de l’Art Déco reste relativement marginale et entre parfois en concurrence avec la notion d’architecture coloniale, même si des publications récentes portant sur Casablanca se situent indéniablement dans cette perspective.