Généalogies perdues, mémoires effacées : féminisme, art et musée en Espagne. L'exemple du programme Museos en Femenino

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En 2009, le ministère de la Culture espagnol a signé une convention avec l’Instituto de Investigaciones Feministas de l’université Complutense de Madrid pour mener à bien un programme de Recherche & Développement dans quatre musées madrilènes : le Musée du Prado, le Musée National Centre d’Art Reina Sofía, le Musée du Costume et le Musée Archéologique National. L’objectif était de vérifier l’application dans ces institutions muséales de l’article 26 de la Ley de Igualdad de 2007 qui cherche à promouvoir la présence équilibrée de femmes et d’hommes dans l’offre artistique et culturelle publique. Ce programme a permis d’établir un état des lieux précis de la sous-représentation féminine dans les musées. À partir de ce constat, des parcours dans les collections des quatre institutions ont été élaborés pour visibiliser les femmes dans l’histoire du patrimoine espagnol. Ce mémoire rend compte des résultats des recherches menées par l’Instituto de Investigaciones Feministas, de l’élaboration des parcours et de leur réception par le public, mais aussi du contexte historique, théorique et institutionnel dans lequel ce programme s’inscrit. Le féminisme s’est développé tardivement en Espagne par rapport à ses voisins européens du fait de la dictature de Franco. Mais il a aussi été un des piliers sur lequel s’est bâtie la nouvelle démocratie pendant la Transition. Les feminist studies, gender studies et queer studies ont ainsi intégré l’histoire de l’art et le champ muséal espagnols. La réflexion s’articule autour de cette stratégie des parcours dans les collections comme moyen de visibiliser les femmes dans l’histoire et la création artistique. Quels en sont les apports ? Les limites ? Les institutions muséales espagnoles sont-elles plus féministes que les françaises ? Un musée féministe est-il une utopie ?