17 février 2023
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Luca Ferrando Battistá, « La représentation de l'intériorité dans les romans de Don DeLillo et Jay McInerney », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.jn8xs9
Le but de ma thèse vise à l'analyse du rôle que l'espace intérieur joue dans les romans new-yorkais de Don DeLillo et Jay McInerney. Deux auteurs si différents l'un de l'autre, pourtant caractérisés par la même sensibilité dans la description de la ville à travers la multitude de ses lieux, particulièrement intéressés aux intérieurs peuplés par leurs personnages. Les questions théoriques auxquelles j'ai essayé de donner des réponses sont essentiellement trois. Les deux premières sont de nature ontologique et concernent l'essence même de l'espace intérieur. Est-ce que l'intérieur d'un roman peut être un lieu capable de représenter une ville ? Ou je dirai mieux, est-ce l'intérieur peut avoir le même pouvoir d'un chemin et ne pas être seulement un des plusieurs lieux accessoires qui apparaissent plus pour une question d'achèvement que pour autre chose ? Et voilà, la deuxième question : si l'intérieur - comme on verra dans la réponse à la première question - aide dans la construction d'une représentation, de quel type de représentation s'agirait-il ? Et, pour conclure, sur le plan narratif, la troisième question : quelle est la fonction de l'intérieur au niveau de trame et quelle est la fonction de cette représentation dans la construction et l'évolution du personnage ? Le défi, lors du traitement de deux auteurs en même temps, c'était l'analyse de la ville de New York comme on la voit à travers les romans, en négligeant l'espace extérieur, c'est à dire le chemin, pour me concentrer exclusivement sur les espaces intérieurs. Du résultat on aperçoit que l'intérieur est un dispositif narratif qui impacte réellement la trame. A travers l'intérieur, on présente, concrètement, une double idée de la ville. La première que l'on pourrait définir réelle et générale et la deuxième imaginaire et particulière. Les deux idées entrent en relation l'une avec l'autre, ce que j'ai défini comme l'opposition dynamique, entre intérieur et extérieur : en intérieur les personnages, comme on verra, créant une représentation personnelle de la ville qui devra ensuite être testée à l'extérieur. Il s'agit d'un processus continu, une oscillation que continue tout au long de la narration. Cette opposition dynamique, que j'essaierai de démontrer, est le moteur caché qui alimente la narration urbaine newyorkaise des deux auteurs, ainsi que l'expérience de la ville. Voilà donc le véritable motif qui m'a encouragé à choisir DeLillo et McInerney après un long processus de lecture et d'analyse de différents auteurs et romans. Un fort impact se créé lorsqu'on découvre une liaison entre les textes analysés au sujet d'une résolution spéciale de la relation entre intérieur et extérieur. La résolution que j'ai nommé opposition dynamique existe en réalité dans leurs romans. Rien ne dit que cela existe ailleurs. Je crois, comme on verra dans la conclusion, que l'opposition dynamique constituera le chronotope du Manhattan interior. Un parmi plusieurs chronotopes métropolitains possibles. Si je devais, enfin, résumer dans une phrase la véritable raison qui m'a inspiré ce thèse, est que DeLillo et McInerney, même si dans des situations totalement différentes, se fusionnent lorsque la création d'un chronotope narratif solide et efficace peut être utilisé, élargi, revisité même par d'autres auteurs. Par le terme intérieur, je me réfère aux domiciles des protagonistes, plus en détail, des chambres et des lofts. Mon choix relatif au mot intérieur est lié à un sens plus vaste et capable d'inclure des aspects totalement différents. C'est un lieu où les personnages créent et recréent eux-mêmes en dessinant une image de la ville. Il s'agit d'un lieu de la ville que les personnages essaient d'arracher à la ville même. L'intérieur devient ainsi un lieu où on mène une activité domestique, un endroit où créer une œuvre d'art, un lieu à travers lequel on arrive à découvrir la ville et le lieu de l'esprit aussi.