2015
Guillaume Marche et al., « La politisation du religieux en modernité », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.jndb4w
Le processus de sécularisation entamé depuis l’époque moderne a, selon des modalités d’une extrême variété, transformé le rapport au religieux, comme les frontières du religieux. Flexibilité, malléabilité, perméabilité : loin de rompre, dénouer ou clarifier les rapports entre religieux et politique, la sécularisation ne tendrait-elle pas à les complexifier, voire à les resserrer ? N’aurait-elle pas pour effet de brouiller les frontières entre les deux sphères ? Ce volume collectif prend à rebours les approches centrées sur le déplacement du politique au religieux (le politique allant chercher le religieux) : en se penchant sur le mouvement qui va du religieux au politique, et donc sur l’immixtion du politique dans le religieux, les auteurs rendent compte à la fois de l’autonomie des deux sphères et de leur imbrication. Cet ouvrage porte sur quatre pays de l’espace anglophone, historiquement marqués par le protestantisme : les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, la République d’Irlande et le Royaume-Uni. Loin de vouloir essentialiser le monde anglophone comme un contre-modèle de la « laïcité à la française », cet ouvrage s’appuie sur la diversité des modèles institutionnels et culturels pour élargir la compréhension des dynamiques politico-religieuses qui prennent forme dans notre âge séculier. Les auteurs montrent que le religieux participe à sa propre sécularisation en se désacralisant et que si le politique sécularisé peut se passer du religieux, le religieux, lui, ne semble pouvoir renoncer au politique.