Pascale Peyraga, « Trompe-l’œil, simulacres et vérités dans le monde hispanique », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.jnlrsz
Pratiqué par des peintres ô combien sérieux – Sánchez Cotán, Zurbarán, Velázquez – ou par des génies fantaisistes – Salvador Dalí par exemple –, le trompe-l’œil pictural a fleuri à des époques variées dans la peinture hispanique et, plus généralement, dans les arts occidentaux. Les travaux sélectionnés dans ce numéro 2 de Líneas nous conduisent du XVIIe siècle – c’est « La fenêtre en trompe-l’œil de Sánchez Cotán », étudiée par Sophie Degenne – au XXIe siècle pictural, qu’il soit espagnol ou latino-américain, présent chez le madrilène Gerardo Pita (dans l’article de Denis Vigneron) ou encore chez Frida Kahlo, Antonio Berni ou Claudio Bravo, dont Juan Carlos Baeza Soto dévoile l’ontologie.Tout en produisant un effet « plus vrai que nature », le trompe-l’œil naît de la volonté de « tromper », et il agit sur le spectateur médusé, littéralement pris au piège des faux-semblants, comme le rappelle le terme espagnol de « trampantojo ». Mais parce qu’il n’est perceptible qu’au moment où il est démenti, où le toucher vient se substituer à la vue, et où le spectateur prend conscience d’avoir été abusé par ses sens, il instaure une dialectique entre vérité et mensonge, et tend un pont entre le réel et la fiction.