26 octobre 2016
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Ariane Mayer, « Lecteur de soi-même. Le sujet contemporain à l'épreuve des lectures numériques », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.jpqtg4
Ce travail s’inscrit dans une réflexion philosophique sur les transformations de la lecture littéraire dans l’environnement numérique. Nous questionnons les enjeux des nouvelles formes et techniques de textualité du point de vue de la subjectivité, telle qu’elle se construit et s’interprète à la lumière de la lecture. Cette réflexion s’appuie sur deux hypothèses. La première, énoncée par Proust dans le Temps retrouvé, pose que « chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même », faisant ainsi de la lecture une matrice de subjectivation privilégiée, un lieu où le soi tout à la fois advient et se discerne. La seconde a été formulée par la neurologue Maryanne Wolf : « nous sommes la manière dont nous lisons ». Outre l’histoire qui est nous contée, les pratiques et techniques empiriques de l’acte de lecture participent eux aussi à notre constitution ontologique. Aujourd’hui, ces composantes empiriques sont bouleversées par le numérique qui offre de nouveaux supports, formes textuelles et espaces de lecture. Notre réflexion se situe à la rencontre entre une série de transformations technologiques et les métamorphoses herméneutiques qui en résultent. Si le livre a longtemps été une médiation pour se lire soi-même et un modèle de compréhension du monde, que devient notre relation à autrui et à soi quand il cède place à des objets inédits ? Nous abordons la lecture littéraire numérique comme un prisme à travers lequel interroger le devenir de la subjectivité contemporaine. Cette recherche invite à méditer sur le renouvellement de l’imaginaire esthétique, de l’imaginaire social et de l’imaginaire existentiel qu’éveille la rencontre du texte à l’heure électronique.