18 août 2014
Gildas Illien et al., « A la recherche du temps perdu, retour vers le futur : CBU 2.0 », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.jr5znx
Fruit d’une conversation entre une pionnière du Contrôle bibliographique universel (CBU) et un conservateur de la génération internet qui dirige l’agence bibliographique nationale française, ce texte célèbre à sa manière le 40ème anniversaire de la fondation du CBU. Nous avons voulu relire ensemble les déclarations aux origines du CBU et partager nos questionnements et nos intuitions sur son avenir. Le CBU reposait sur quelques idées ambitieuses mais simples : le savoir qui fait la richesse et le patrimoine d’une nation s’exprime dans des publications, au départ imprimées sur support; chaque Etat doit se doter d’une agence chargée de collecter et de décrire les collections d’intérêt national ; cette description doit se faire dans le respect de normes bibliographiques internationales, dont la principale fonction est de faciliter l’échange de notices standardisées ; ces échanges visent à répartir les tâches à travers le monde et à rendre possible l’accès pour chacun, via les bibliographies et les catalogues, à un vaste ensemble de ressources encyclopédiques de portée universelle. L’idéal fondateur du CBU était à mi-chemin de celui de la Bibliothèque d’Alexandrie et de celui de Google. Il embrassait à la fois le rêve antique d’une maîtrise de tous les savoirs du monde et la construction d’un accès global et distribué à l’information. Dans cette vision, antérieure à la propagation de l’internet, l’idée qu’un usager pût accéder par lui-même à la somme des connaissances était inconcevable : les bibliothécaires étaient encore perçus comme des acteurs incontournables de la diffusion des savoirs. Et le réseau mondial des bibliothèques imaginé par le CBU préfigurait en quelque sorte un « internet des bibliothèques ». Que faut-il retenir de cet héritage? Le CBU est-il dépassé ? Selon nous, l’histoire du CBU contient dans le récit de ses propres mutations les clés d’une possible refondation qui, sans qu’on s’en rende forcément compte, est déjà en marche.