Se positionner dans l'entrevue avec les élites : leçons apprises d'une doctorante en santé mondiale

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1 juin 2018

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Lara Gautier, « Se positionner dans l'entrevue avec les élites : leçons apprises d'une doctorante en santé mondiale », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.js3fcj


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Résumé Fr

En m'embarquant dans l'aventure doctorale, je ne savais pas de manière précise quel allait être mon sujet de thèse et encore moins quel type de répondants j'allais avoir en face de moi pendant la collecte de données. La santé mondiale est un champ d'études tellement transfrontalier et englobant qu'il implique une multitude de catégories d'acteurs, partant des indigents dans les communautés, pour remonter jusqu'aux directeurs d'agences onusiennes, en passant par le personnel de santé, les gestionnaires d'ONG et de fondations philanthropiques, les cadres ministériels et beaucoup d'autres (Kickbush & Szabo, 2014). Cette complexité, il faut pouvoir la comprendre et « l'embrasser » quand on commence une thèse de doctorat en santé mondiale. Cela implique aussi d'être capable de « faire le deuil » de certaines catégories d'acteurs qu'on ne pourra interroger : il est évidemment impossible d'atteindre un niveau de détail et de « granularité » suffisant si on décide de s'entretenir avec des représentants de toutes ces catégories. Ma formation initiale en sciences politiques a nourri ma fascination pour les enjeux de pouvoir au plus haut niveau décisionnel-pouvoir exercé à l'échelle nationale, mais aussi, à l'échelle internationale.Les acteurs exerçant du pouvoir politique sont des détenteurs d'influence-catégorie qui englobe les représentants des bailleurs de fonds, les hauts cadres des organisations internationales, et les décideurs dans les pays en développement. Ces détenteurs d'influence sont souvent communément appelés les élites-terme que j'utilise dans ce texte réflexif. En santé mondiale, le pouvoir à l'échelle internationale est à la fois politique et financier : le pouvoir financier des bailleurs est consubstantiel à la décision nationale dans les pays. De plus, cette influence politique et financière exercéeà l'échelle internationale a des répercussions importantes sur la santé des populations dans les pays en développement, car quoiqu'on dise, la prise de décision demeure très centralisée-on est encore loin d'une approche bottom-up en santé mondiale. De fait, la santé mondiale représente probablement l'espace politiqueoù la distance entre le top et le bottom est la plus grande. Suarez-Herrera évoque des « espaces paradoxaux d'ordre infranational local, entités géographiques bien définies, comme les villes/ villages, et en même temps d'ordre supraterritorial global, dans des endroits très éloignés dans l'espace » (Suarez-Herrera et al., 2013). Cette lecture a éclairé ma compréhension des politiques de santé mondiale, qui émergent et sont mises en oeuvre précisément au sein de ces espaces paradoxaux et extrêmement éloignés les uns des autres. Ces réflexions m'ont conduite à remettre en question la légitimité de ces politiques impulsées par les acteurs internationaux, qui apparaissent souvent déconnectées des pratiques et besoins locaux.

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