17 décembre 2021
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Benoît d' Almeida, « Le modèle de la Garden city, un réservoir de précédents pour inspirer la transformation de la ville mexicaine », Theses.fr, ID : 10670/1.jvd67y
La Garden city a une immense influence sur les théories de l’urbanisme, et se diffuse dans de nombreux pays d’Amérique latine, dont le Mexique. Un groupe d’architectes et d’ingénieurs – parmi lesquels Carlos Contreras, Ignacio Bancalari, José Cuevas Pietrasanta – convoquent le modèle pour planifier un Mexique postrévolutionnaire en phase avec ses idéaux. En s’inspirant de la Garden city Association, ils créent l’Association Nationale pour la Planification de la République Mexicaine qui s’intéresse à la fois à la diffusion du modèle et promeut une planification à l’échelle du pays tout entier.Gouvernement, organisations intergouvernementales – dont ONU Habitat – et divers think tanks : tous s’accordent sur un certain nombre de défis urbains auxquels le Mexique fait face. Des défis finalement peu éloignés de ceux auxquels Howard cherche des réponses. Dans le sillage de sa célèbre Réforme agraire au début du XXe siècle, le Mexique prône aujourd’hui la nécessité d’une grande Réforme urbaine. Cette thèse s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la Garden city pourrait constituer « un réservoir de précédents » dont les acteurs mexicains peuvent s’inspirer pour impulser la transformation de leurs villes et territoires. Alors que de nombreux rapports mettent l’accent sur la ville-compacte et la densification de ses tissus existants, ce travail défend qu’il soit possible d’étendre la ville de façons vertueuses. Il convoque à ce titre des réflexions héritières de la Garden city telles que le neighborhood unit, ou le new urbanism plus contemporain.Plus d’un siècle après les propositions de Howard, nos villes semblent être confrontées à des problématiques relativement proches. Ses idées n’ont jamais réellement été mises en pratique à grande échelle, alors même que Letchworth – première matérialisation du modèle – a prouvé de sa faisabilité. Face aux statu quo qui durent depuis tant de décennies, n’est-il pas temps de bouleverser notre imaginaire de la ville et de rompre avec nos pratiques actuelles ?La démonstration d’une telle hypothèse passe par une réflexion en trois temps.Primo, en questionnement les notions théoriques de modèle et de diffusion, puis en définissant la Garden city non seulement comme modèle urbain, mais également comme projet de société en mesure de proposer une nouvelle façon d’imaginer les villes et territoires de demain.Secundo, en étudiant la diffusion du modèle dans le contexte mexicain. Cette phase analyse ses canaux de diffusion, ses matérialisations les plus significatives, et statue sur les transformations que ces réalisations subissent. Elle souhaite montrer que parler de Garden city au Mexique n’est pas un insensé grand écart et que le pays a déjà largement convoqué ce précédent par le passé.Tercio, en imaginant comment ce « réservoir de précédents » peut transformer la ville mexicaine actuelle. Le projet d’architecture et d’urbanisme est mobilisé comme une enquête capable de créer de la connaissance. Une enquête d’abord orientée vers la compréhension d’un lieu, puis vers la prospection d’un futur pour ce lieu. L’imagination de scénarios permet de comparer certains futurs possibles et plausibles, et de nous positionner.Cette dernière partie se confronte à la création d’une méthodologie et d’un nouvel outil de projet. Une sous-hypothèse la taraude : une transformation pertinente pour un lieu, l’est-elle également pour d’autres lieux ? Plutôt que d’asseoir ses scénarios sur un lieu existant, elle préfère fabriquer un territoire urbain typique des villes mexicaines pour expérimenter ses idées. Ce processus s’attache à observer les spécificités de ces villes et à monter en généralité ses traits typiques. Il en fabrique un lieu qui n’existe pas – ou topos – qui combine l’ensemble de ces spécificités. Ce lieu typique est à la fois utilisé comme une illustration de la complexité de ces territoires urbains, mais également comme un support pour expérimenter – par le dessin – les transformations proposées.