Hippocrate sans frontières: Soigner en terre étrangère au XIXe siècle

Résumé Fr

La figure du médecin étranger ou diplômé à l'étranger suscite aujourd'hui de multiples débats, alternativement nourris d'espoirs dans sa capacité à combler une démographie locale trop faible ou entachés de soupçons sur son niveau de compétences. Or, ces débats ne sont pas propres au début du XXIe siècle, non plus que la circulation du personnel médical, pour ses études ou pour exercer son art. Le XIXe siècle poursuit et amplifie les circulations estudiantines médicales, à l'échelle des continents (Europe) et des océans (Atlantique ou Indien). Les médecins parcourent les terres étrangères et se confrontent aux savoirs et aux pratiques médicales sur de nouveaux terrains, que ce soit à la suite des armées (Grèce) ou lors de missions scientifiques (Espagne). Le XIXe siècle voit aussi la mise en place de réglementations nationales sur les critères d'admission à l'exercice médical, tandis que se définissent les corps médicaux nationaux. Les médecins étrangers ou diplômés à l'étranger y jouent un rôle majeur, qu'il s'agisse de constituer ex nihilo un corps médical dans un pays neuf (Uruguay, Roumanie), de nourrir les élites médicales (Grèce), d'interroger les critères du "bon médecin" (France). Interroger les places faites à ces praticiens dans ces différents contextes éclaire les processus de légitimation des savoirs et des pratiques, d'hier à aujourd'hui.