Le stress et la survie : état sanitaire d’une population de victimes de la peste de 1720 (Martigues, Bouches-du-Rhône)

Résumé 0

Les règles sociales qui s’appliquent en périodes ordinaires se trouvent modifiées lorsque la communauté fait face à des difficultés imprévues, comme une épidémie ou une catastrophe naturelle. D’un côté parce que leur quotidien a été bouleversé, mais aussi parce que les ressources peuvent être moins abondantes. De ce fait, le partage des ressources et la garantie de sécurité se trouvent répartis différemment, ce ne sont plus nécessairement les mêmes groupes qui ont accès ou une priorité d’accès aux ressources. Les règles sociales et les contraintes vécues ont donc une influence sur l’état de santé des individus. Dans ce travail nous avons évalué l’impact d’une succession de crises sur la santé d’un échantillon de squelettes de victimes de la peste de 1720 (Martigues, Bouches-du-Rhône), à partir de l’observation de la présence de marqueurs de stress physiologiques (cribra orbitalia, hyperostose poreuse de la voûte crânienne et hypoplasie linéaire de l’émail dentaire), dans le but de vérifier quels étaient les groupes les plus vulnérables. Avant cette épidémie de peste, la Provence a connu plusieurs crises historiquement bien attestées. Ainsi, à partir de l’estimation de l’âge au décès, il est possible d’évaluer à quelles et à combien de difficultés chaque individu a été confronté. Nous avons observé que les individus nés autour de ces années de crises sont les plus touchés par les marqueurs de stress, de même que les femmes dont l’âge estimé est compris entre 20 et 29 ans. En conclusion, dans le cas étudié, les épisodes vécus pendant la vie utérine et au début de la vie ont eu un impact plus important sur la santé des individus que les difficultés rencontrées plus tardivement.