2015
Cairn
Bernard Beugnot et al., « Guez de Balzac critique », Littératures classiques, ID : 10670/1.jxv7ts
À l’ombre de l’humanisme, la naissance d’une critique mondainePasseur de l’humanisme dans la mondanité naissante, Balzac a beaucoup lu les anciens et les modernes, tout en se regardant écrire. Articulée entre doctrine, jugement et humeur chagrine, prenant la forme souple de la lettre, de la dissertation ou de l’entretien, sa pratique critique délaisse peu à peu les foucades et la combativité de la jeunesse au profit d’une aménité du regard, synthèse entre un scepticisme lucide et une esthétique de l’« innocente raillerie », que définissent les termes d’ urbanité, mot latin qu’il acclimate en français, et d’ atticisme, privilège accordé à l’éloquence du monde sur celle de l’école. Plus tourné vers le comment de l’écriture que vers le pourquoi, sa critique affirme la précellence du style moyen qui deviendra le registre fondateur et favori du classicisme. Balzac, Malherbe et la théorie de l’imitationLa lettre latine à Silhon, qui pose Malherbe en réformateur absolu, exprime une théorie de l’imitation fondatrice de l’art d’écrire de Balzac et de sa pratique critique. Elle s’interroge sur l’art malherbien de combiner la prose à la poésie, où Ronsard échoua ; elle promeut un cicéronianisme incarné par Bentivoglio et opposé à l’affectation d’un Maffei ; elle prône, dès la querelle des Premières lettres avec le P. Goulu, la « louable imitation », héritière d’Érasme, supposant discernement et émulation (« Comparaison de Ronsard et de Malherbe»). Le Discours 16 des Œuvres diverses de 1644 confirme l’idéal de clarté et de purisme puisé auprès des jésuites et fonde la perfection littéraire sur le commerce des hommes et l’idéal mondain, sous l’influence de Nicolas Bourbon.