Un regard sociologique sur les aides-soignantes

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29 mars 2012

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Anne-Marie Arborio, « Un regard sociologique sur les aides-soignantes », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.jyic0l


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La communication présentée s'appuie centralement sur deux enquêtes de sociologie menées à une dizaine d'années d'intervalle. La première a été réalisée au milieu des années 1990 dans le cadre d'une thèse consacrée aux trajectoires sociales et professionnelles des aides-soignantes hospitalières ; elle s'est appuyée sur un recueil d'archives, de données quantifiées sur les caractéristiques sociales des aides-soignantes, d'observations directes des situations de travail et d'entretiens biographiques avec des aides-soignantes ou anciennes aides-soignantes ; elle a été publiée sous le titre Un personnel invisible, en 2001 chez Anthropos-Economica. La deuxième a été mise en œuvre au milieu des années 2000, dans le cadre d'une large étude collective sur les bas salaires dans cinq pays européens pour lesquels le secteur hospitalier était l'un des cas retenu (" De bons emplois, un travail rude : quel modèle d'emploi pour les aides-soignantes et les femmes de chambre des hôpitaux ? ", in Eve Caroli, Jérôme Gautié (dir.), Bas salaires et qualité de l'emploi : l'exception française ?, Paris, Presses de l'ENS, 2009, pp. 211-267). Elle a étudié les aides-soignantes et ASH de huit établissements français publics et privés pour les conditions et l'organisation de leur travail. La comparaison entre différents pays européens fait voir que la division du travail entre le triptyque qui nous est familier en France - Infirmière/Aide-soignante/ASH - n'a rien d'une évidence : la part des aides-soignantes est variable d'un pays à l'autre, l'organisation du travail est différente, les niveaux de formation et les conditions du travail varient. La situation française doit être perçue comme le produit d'un processus historique que nous restituerons ici : il éclaire les difficultés de la professionnalisation du métier d'aide-soignante, inventé dans l'après-guerre comme catégorie de reclassement du personnel, exerçant un travail au contenu longtemps resté flou et défini négativement, par la prise en charge de tâches déléguées par les infirmières, suivant un processus classiquement analysé par la sociologie du travail de délégation du " sale boulot ". Au terme d'un processus qui reste en partie inachevé, les aides-soignantes françaises, en dépit de conditions d'emploi plus favorables que celles qui ont cours dans d'autres pays européens, sont dans une position subordonnée de la division du travail et leurs caractéristiques sociales les inscrivent clairement parmi les classes populaires. L'observation directe des pratiques de travail met cependant en avant la diversité des manières qu'ont les aides-soignantes d'occuper leurs postes en fonction de leurs parcours social et professionnel. La restitution de ces parcours, entre des postes qui éloignent parfois de ce qui semble faire le cœur du métier donne des indices de rapports subjectifs contrastés au métier d'aide-soignant avec, d'un côté, la conscience d'une subordination parfois vécue comme pénible et, d'un autre côté, la possibilité de faire valoir très positivement une proximité avec le malade - anciennement dévolue aux infirmières -, dont les aides-soignantes sont souvent aujourd'hui le principal interlocuteur. Ces tendances structurelles permettent, pour finir, de réfléchir aux récentes évolutions susceptibles de mettre le métier sous tensions comme, par exemple, la hausse de la qualification des personnels, la rationalisation de l'activité et l'intensification du travail.

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