2013
Cairn
Philippe Spoljar, « De la guerre industrielle à l'industrie guerrière. Transmission des traumatismes et suicides au travail », Connexions, ID : 10670/1.jz1sdh
Les analyses des suicides au travail, dont la caractéristique la plus énigmatique est l’intense culpabilité de ceux qui commettent ce « crime contre soi », prennent peu en considération les déterminations sociohistoriques portant sur les représentations actuellement sinistrées de la personne humaine et le mépris de l’autre. Cet article explore l’hypothèse d’une mutation essentielle induite par la Grande Guerre, en tant que première guerre industrielle, ayant valeur de scène primitive de notre modernité, et œuvrant comme modèle d’une mise en scène sacrificielle du proche. Le traumatisme dénié de cette horreur inaugurale du XXe siècle serait susceptible de se manifester aujourd’hui sous forme d’un profond délitement des liens sociaux. Libre cours serait laissé à un imaginaire destructeur qui trouverait un terrain d’expression particulièrement favorable dans l’actuelle « guerre économique » mondialisée. Certaines formes esthétiques et institutions éducatives sont interrogées comme vecteurs de transmission de cette violence.