2019
Cairn
Vincent Lambert et al., « Les musées, fabrique et déconstruction des stéréotypes », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.jzohfz
Comment à ses origines, l’institution muséale conçue comme un panoptique d’objets de connaissances, accumulés dans la perspective d’un inventaire du monde, invente et érige sur un piédestal une science du classement, la taxinomie, propice à l’émergence de stéréotypes ? Et comment, l’orthodoxie scientifique a, dans ses dérives hégémoniques, contribué à produire et à imposer des stéréotypes racistes et nationalistes justifiant l’entreprise coloniale du xixe siècle ?Nous montrerons ensuite comment, à la fin du xxe siècle, les musées transformés en espaces de communication tendent au contraire à devenir des lieux de mise en scène d’une conception plus relative de la science, où la vérité est construite et peut être mise en débat. Ceci les conduit à mettre en question et à nuancer les stéréotypes jusque-là érigés en ensemble de vérités dogmatiques à portée universelle. Autrement dit, nous nous demanderons comment les mutations de ses fonctions intellectuelles et sociétales font passer le musée moderne – dont le rôle consiste en une sacralisation institutionnelle des savoirs scientifiques et de la systématiques – au musée postmoderne qui défend une systémique plus relative, qui reconnaît les limites des méthodologies même le plus évidentes, et où les sciences sont appréhendées dans leurs interactions avec la société.