La filière forêt-bois en région Centre-Val de Loire à l’heure de la transition écologique. Le cas des plantations forestières (peupliers et pins maritimes)

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29 juin 2022

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Amélie Robert et al., « La filière forêt-bois en région Centre-Val de Loire à l’heure de la transition écologique. Le cas des plantations forestières (peupliers et pins maritimes) », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.k0tdvk


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La région Centre-Val de Loire arrive à la 7e place au regard de sa superficie forestière, sur les 13 régions que compte la Métropole (IGN, 2016). Elle possèderait ainsi un volume de bois sur pied de l’ordre de 162 millions de mètres cubes (ibid.), ce qui apparaît comme une aubaine, à l’heure où l’on parle de transition écologique. Le bois est en effet particulièrement plébiscité : comme source d’énergie renouvelable, en remplacement, des énergies fossiles ; comme matériau biosourcé, moins énergivore que le béton. Dans le même temps, concernant l’exploitation forestière, certaines craintes émergent au sein de la société, quant à une possible industrialisation des forêts ; la peur est que celle-ci « transforme le visage des forêts françaises » et, dans ce contexte, les coupes dites rases sont particulièrement décriées. Ce sont surtout les « monocultures de résineux » qui sont visées, dont on redoute qu’elles ne remplacent les peuplements autochtones de feuillus. En Région Centre-Val de Loire, ces derniers dominent encore largement, peuplés d’abord de chênes : les peuplements de conifères, purs, ne représentent que 14 % des peuplements. L’exploitation n’y est pas excessive, en ce que les prélèvements (2,4 millions m3/an) sont en deçà de la production biologique (5,7 millions m3/an) : chaque année, la région capitalise donc du bois, comme toutes les autres en France (IGN, 2016) – sans être celle qui en capitalise le plus (elle est au 6e rang). L’une des raisons évoquées est l’importance des forêts privées (87 %), celles-ci étant moins régulièrement exploitées que les forêts publiques soumises à un plan de gestion strict – certaines forêts privées peuvent être abandonnées. Ceci pourrait ouvrir de belles perspectives, dans le contexte de la transition écologique, à la filière forêt-bois. Mais la situation de la filière s’avère complexe : la ressource ne suffit pas à rendre la filière dynamique. En l’occurrence, « la récolte […] n’est que partiellement réalisée par des entreprises régionales. En 2014, celles-ci ont assuré moins de la moitié de la récolte régionale » (INSEE, 2018). Ceci fait dire à l’Agreste Centre-Val de Loire (2019) que « l’emprise des entreprises extra-régionales sur la forêt locale reste forte ». C’est aussi le constat que nous avons fait sur le terrain. Qui plus est, il s’avère que « le tissu productif est surtout constitué de petites entreprises mais l’essentiel de la production reste l’apanage des plus grosses, que ce soit pour l’activité » (ibid.). Dans ce contexte, la filière forêt-bois profite-t-elle réellement du nouveau contexte porté par la transition écologique et quelles mutations s’opèrent ? La question commence à intéresser particulièrement, au regard de la place attribuée à la filière forêt-bois : « En ce début de XXIe siècle, la filière forêt-bois française est considérée comme un acteur majeur dans la réflexion en cours sur les conséquences du changement climatique et les moyens d’y remédier » (Richou, 2020). Plusieurs thèses ont ainsi été soutenues récemment sur le sujet, sur les déterminants qui expliquent l’entrée de la filière dans la transition écologique (changements climatiques mais aussi changements sociétaux) et les modalités de cette dernière : portant sur les adaptations mises en place pour faire face au changement climatique, ou plutôt à ses incertitudes (Fouqueray, 2019) ; sur les défis que pose l’écologisation de la société – du moins d’une partie – (Richou, 2020) ; sur les nouvelles dynamiques territoriales que suscitent les mutations en cours de manière générale (Lenglet, 2020) ou se centrant sur les effets de la transition sur un pan de la filière - le développement de la bioraffinerie lignocellulosique – (De Rouffignac, 2019). L’originalité de notre recherche est de se centrer sur ce que P. Arnould (2004) nomme les « nouvelles forêts », qui se distinguent par la prédominance de « la rationalité économique » : ce sont les plantations forestières, qui sont au centre de controverses (Robert et Tebonou, 2020). Il s’agit plus précisément des peupleraies et des plantations de pins maritimes, deux plantations que l’on retrouve en région Centre-Val de Loire. Elles ont été choisies car, dans le contexte du changement climatique, les premières devraient se maintenir et les secondes pourraient s’étendre ; on s’attend à une « méditerranéisation » de la région Centre-Val de Loire dans les années à venir. Peupleraies et pineraies sont ainsi au centre du projet de recherche Plantaclim (« Maximiser les services des (re)plantations forestières dans le contexte du changement climatique », financé par la région Centre-Val de Loire), dans le cadre duquel ces recherches sont conduites. Notre objectif est de dresser un état des lieux de la filière, d’identifier les freins éventuellement rencontrés par les acteurs, de vérifier en particulier si le constat dressé sur la filière régionale dans son ensemble – une filière fragile, sous « l’emprise » des acteurs des régions voisines – se vérifie en particulier pour les plantations étudiées. En l’occurrence, l’une des questions est de savoir si l’implication est plus forte, si la demande associée aux plantations est plus importante, au point que l’on doive craindre une « industrialisation » des forêts de la région Centre-Val de Loire. Dans cet objectif, nous menons des entretiens semi-dirigés après de populiculteurs, pépiniéristes, entrepreneurs de travaux forestiers, exploitants, transformateurs : une vingtaine d’acteurs ont déjà été interrogés. Les entretiens se poursuivent mais des éléments ressortent déjà. En l’occurrence, la ressource est bien présente mais les acteurs régionaux font défaut, surtout en matière de transformation. L’emprise des régions voisines se vérifie. Le tissu des entreprises locales s’est en fait peu à peu étiolé, face à la concurrence, à la pression économique, ce dans tous les secteurs (pépiniéristes comme transformateurs). Un regain d’intérêt se perçoit, au moins au profit de la filière populicole, qui entend bien tirer profit de la transition écologique. Mais les effets sont perçus différemment selon les acteurs et seuls ceux qui s’orientent vers des marchés de niche, répondant à des demandes spécifiques, semblent tirer leur aiguille du jeu. Notre communication sera l’occasion de préciser davantage ces évolutions et la manière dont elles sont perçues par les acteurs, après une présentation de la méthodologie, du terrain et des spécificités de la filière régionale.

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