2021
Cairn
Gerd Krumeich, « Responsabilité et réparations : Contexte historique de la rédaction du Traité de Versailles et opinion allemande sous la République de Weimar », Revue de l'OFCE, ID : 10670/1.k1m4kp
Cet article évoque d’abord l’évolution du règlement des coûts de guerre et des réparations depuis les débuts du XIXe siècle. L’idée d’un « dédommagement » du vainqueur par le vaincu s’inséra dans les traités de paix vers la fin du XIXe siècle. La Convention de la Haye de 1907 amplifia même cette idée en y impliquant aussi des pertes subies par les civils du pays victorieux.Pendant la Grande Guerre, la situation évolua d’une façon significative. Les pays belligérants, concernés par d’énormes dépenses militaires de tous ordres, exigeaient, et ceci dès 1914, que le vaincu payerait « tout » et la catégorie de responsabilité morale fut introduite pour tenir convaincus les peuples de la justesse de leur propre cause. Ce fut une des raisons pour lesquelles la guerre dura aussi longtemps, tant on sut que la défaite signifierait aussi la ruine. Le Traité de Versailles fut le résultat de cette évolution des opinions et catégories économico-morales. Et ce fut aussi la raison majeure pour laquelle le vaincu – l’Allemagne en l’occurrence – protesta aussi vivement, les questions d’ordre financier et moral étant intrinsèquement mélangées.Il s’ensuivit que la question des réparations fut et resta envenimée par le paradigme de la « responsabilité ». Le meilleur exemple en est la campagne nationaliste contre le Plan Young de 1929, dont les droites allemandes profitèrent pour enfin arriver à un rassemblement qui servit surtout le mouvement hitlérien.En fin de compte, Hitler fut acclamé, même par ses adversaires, quand il retira, dès 1934, la signature allemande de l’article 231 du Traité, « l’article de la honte ».