1981
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Yves Person, « Nyaani Mansa Mamudu et la fin de l ’empire du Mali », Publications de la Société française d'histoire des outre-mers, ID : 10670/1.k2l79b
Depuis plus d’un demi-siècle l’histoire de l’empire du Mali est présentée dans les manuels d’après les synthèses précoces mais souvent imprudentes de Delafosse et dé Monteil. La puissance de l’empire aurait pris fin dès le XI Ve siècle et c’est seulement un petit État résiduel qui aurait disparu au XVIe siècle. Cette reconstruction a été faite uniquement d’après les sources arabes. Or celles-ci, dès le XVe siècle, ne concernent plus que le domaine Songhay et ne s’intéressent pas aux événements qui se déroulent plus au sud. Au contraire les traditions orales des Malinké nous éclairent fortement sur cette zone méridionale, mais ne couvrent avec précisions et détails que la période qui s’étend depuis le XVIIIe siècle, ou peut-être la fin du XVIIe. Elles n’ont gardé qu’une idée mythique de l’ancien empire médiéval qu’elles sont incapables de situer avec précision sur les généalogies, qui sont leurs seules mesures du temps historique. Or ces traditions sont dominées par un personnage, inconnu par ailleurs, Nyani-Mansa Mamudu, qui incarne la grandeur finale de l’ancien empire, avant la déchéance et la dislocation sur lesquelles les traditions sont aussitôt beaucoup mieux informées. Une étude attentive des documents disponibles permet d’avancer l’hypothèse que ce souverain à demi mythique est sans doute identique à celui qui selon les chroniques a attaqué en vain Djenné en 1599. Il en résulte que l’empire du Mali, bien qu’ayant perdu des positions dans la zone sahélienne du XVe siècle, a gardé l’essentiel de sa puissance, indépendamment des Songhay, jusqu’à la fin du XVIe siècle et ne s’est sans doute totalement dissous que dans la première moitié du XVIIe siècle.