Valérie Aubourg, « Néo-pentecôtisme à l'île de la Réunion : la revanche du Sud », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.k32257
Parce qu'ils ne considèrent comme baptisés que les adultes ayant professé leur foi suite à une expérience spirituelle de conversion, les groupements pentecôtistes participent à la mise à distance du modèle traditionnel de l'enracinement religieux. Avec eux, la religion n'est plus consubstantielle au territoire. À l'île de la Réunion, nos recherches au sujet du pentecôtisme historique confirment cette analyse. Cependant, à partir de 1983, une nouvelle forme de pentecôtisme se déploie dans le département d'outre-mer qui favorise la naissance d'assemblées autonomes, se concentrant essentiellement dans la zone sud de l'île. Cette effervescence religieuse se situe dans le cadre d'une réaffirmation identitaire en revalorisant des éléments culturels propres à la société créole au détriment des acteurs et des pratiques marqués du sceau de la Métropole. La prospérité de ces mouvements aboutit à la constitution d'un nouveau " terroir pentecôtiste ". Ce terroir s'appuie sur un ensemble de traits spécifiques issus, entre autres, de l'histoire des structures agricoles dans cette région insulaire sud, caractérisée par une mentalité plus indépendante qu'au nord, d'une part, et se greffe, d'autre part, sur un déséquilibre entre un Nord développé et un Sud en retard.