2015
Cairn
Marc Glady et al., « Mise en discours de l’événement. Le cas de l’immolation du chômeur de Nantes », Nouvelle revue de psychosociologie, ID : 10670/1.k3qwgd
À partir d’un événement médiatisé par la presse française, les auteurs s’interrogent sur la mise en discours de la pensée sociale. Le cas choisi pour l’analyse est le suicide d’un chômeur par immolation devant une agence Pôle-Emploi le 13 février 2013 à Nantes. Après avoir constitué un corpus composé de 139 articles de presse publiés entre 2009 et 2013 et de 427 commentaires rédigés par des lecteurs, les auteurs font émerger deux points d’entrée qui permettent d’analyser ces matériaux : la temporalité et la causalité. Si, d’un côté, les acteurs évoquent des précédents et construisent une mise en série pour alerter, se souvenir, proposer des pistes pour le futur, de l’autre, ils cherchent des agents responsables pour condamner, dénoncer, hiérarchiser des problèmes sociaux. Penser l’événement relève alors d’un paradoxe, puisqu’un fait divers n’accède au statut d’événement qu’en tant qu’il est mis en relation chronologique ou causale avec plusieurs événements. Cette causalité inscrit l’événement dans un espace où l’impuissance face au système rend difficile l’ouverture du sens.