Le rôle du concept d'intention dans la formation du jugement esthétique. D'une controverse anglo-saxonne et de son précurseur belge

Résumé En Fr

Should the artist's intention constitute an interpretative and judgmental criterion for his/her work? Wimsatt and Beardsley 's famous «intentional fallacy» (1954) amounts to an emphatically negative answer to this question. The very formulation of their thesis is here challenged and it is argued that it should be partly reformulated. It is then claimed that, once recast, the «intentional fallacy» is very close to the theory put forward, already in 1933, by Servais Etienne in Défense de la philologie. The question thus arises as to whether this common theoretical core can provide a satisfactory answer to the question at issue. The contention is that it can in almost all cases of aesthetic judgment, though with the exception of fakes and forgeries.

L'interprétation critique de l'œuvre d'art doit-elle être informée par des considérations biographiques et génétiques ayant trait à son origine? La théorie du «paralogisme intentionnel», formulée par Wismatt et Beardsley en 1954, constitue une réponse négative à cette question. A l'examen critique, il apparaît que cette thèse présente certaines imprécisions de terminologie qui affectent la substance même de l'argument. Lorsque ce dernier est reformulé rigoureusement, la thèse des auteurs américains présente une parenté notable avec la théorie que Servais Etienne formula, en 1933, dans Défense de la philologie. La question se pose, ensuite, de savoir si la thèse commune aux trois auteurs résout le problème initial. Si l'on fait exception des faux et des pastiches, dans le cas desquels le jugement critique ne peut faire abstraction de données ayant trait à la genèse de l'œuvre, la position anti-historique et anti-génétique est soutenable.