« Est-ce que ça t’arrive de t’ennuyer ? » Socialisation, émotions et rapport à ses conditions d’existence à l’adolescence

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2024

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Laure Sève, « « Est-ce que ça t’arrive de t’ennuyer ? » Socialisation, émotions et rapport à ses conditions d’existence à l’adolescence », Sociologie, ID : 10670/1.k6av0m


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Plus souvent analysé par les sciences du psychisme, le sentiment d’ennui ressenti par les enfants est peu étudié par les sociologues, en particulier hors du contexte scolaire. Fondé sur une enquête par questionnaire et entretiens réalisée auprès d’adolescent·es en classe de troisième, cet article entend « considérer l’ennui comme un fait social » (Clair, 2011) et rendre compte, en s’inscrivant dans le cadre théorique de la sociologie de la socialisation, de la variabilité du sentiment d’ennui. L’absence d’ennui s’explique – pour les adolescent·es de tous milieux sociaux – par l’acquisition de dispositions à l’occupation de soi, associées à l’insertion dans des réseaux relationnels denses – plutôt familiaux pour les filles, plutôt amicaux pour les garçons – ou à l’encadrement parental des emplois du temps. De plus, la sérénité vis-à-vis du temps vacant est permise pour ces adolescent·es par une réassurance vis-à-vis de l’avenir dans les classes supérieures ou par un accommodement vis-à-vis d’une position sociale dominée dans les classes populaires. L’ennui caractérise alors des adolescent·es isolé·es relationnellement, privé·es du sens conféré aux activités par la présence d’autrui ou bien prisonnièr·es d’un présent dévalorisé par leur expérience d’une domination sociale, et qui n’ont pas intériorisé les dispositions qui leur permettraient de vivre leur présent et leur temps libre sous un mode émotionnel positif.

Most often analyzed through the lens of psychological sciences, boredom in children is little studied among sociologists, especially outside of school environments. Based on a questionnaire and interview study of French middle schoolers, this article aims to “consider boredom as a social fact” (Clair, 2011) and to describe the variability of boredom using the theoretical framework of the sociology of socialization. For teenagers of all social backgrounds, the absence of boredom can be explained by a disposition towards “self occupation” which is associated with being part of dense relational networks –family-related for girls, friend-related for boys– or with having one’s schedule subjected to parental supervision. Furthermore, the emotionally positive way these teenagers experience free time is made possible by their confidence in their future among upper-classes or by accommodation to their dominated position among working classes. The feeling of boredom is therefore more likely to be present among isolated children, who are deprived of the sense of purpose derived from activities in the presence of others or whose present is devalued by the social dominations they endure, and who have not internalized the dispositions that would allow them to experience free and present time with positive emotions.

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