2014
Cairn
François Gauthier, « L'éthique romantique et l'esprit du consumérisme », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.k6hynd
Cet article reprend la thèse développée par Colin Campbell dans son ouvrage The Romantic Ethic and the Spirit of Modern Consumerism, paru en 1987 et pratiquement inconnu du public francophone. Les sciences sociales, à l’instar de Max Weber, ont eu tendance à se centrer sur la rationalisation au cœur des processus de modernisation et sur la production de type capitaliste, négligeant ainsi de fournir une théorie de la consommation et une explication de son émergence. De manière complémentaire à la thèse classique de Max Weber, Campbell montre comment la modernité a été à la fois l’ère de la raison et de l’émotion, et comment le sentimentalisme du siècle des Lumières a abouti au romantisme. Tout comme l’éthique protestante dans ses dimensions rationalistes a contribué à l’émergence du capitalisme par le développement des moyens de production chez Weber, cette éthique romantique, en valorisant l’hédonisme et le culte du nouveau, a impulsé l’essor du consumérisme comme ethos social dominant de manière non intentionnelle, par « affinité élective ».