9 décembre 2021
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Sébastien Charles, « Scepticisme et politique. Le cas Jacques-Pierre Brissot de Warville », Tangence, ID : 10670/1.k7knds
Scepticisme et politique apparaissent comme des termes antinomiques, le scepticisme n’encourageant aucune position politique, et la politique se définissant par une action guidée par des idéaux plutôt que par l’irrésolution et la suspension du jugement. Dans ce contexte, le cas Brissot de Warville a tout du paradoxe, puisque ce dernier s’est tour à tour présenté comme un sceptique radical et comme un agitateur politique dévoué à la cause révolutionnaire. Cet article vise à comprendre les divers positionnements de Brissot, de son adoption d’un pyrrhonisme universel dans un manuscrit de jeunesse, qui se veut en rupture avec le pyrrhonisme raisonnable adopté généralement au xviiie siècle, à un engagement politique sans concession, qui semble remettre en cause ses convictions de jeunesse. Par-delà le cas Brissot, ce retournement spectaculaire permettra de montrer en quoi un pyrrhonisme extrême était tout bonnement intenable au siècle des Lumières, et comment les conditions sociohistoriques et politiques ont influencé une redéfinition du scepticisme en particulier, et de la philosophie en général, conduisant le philosophe à prendre peu à peu la posture de l’intellectuel engagé, et à rompre avec l’indifférence du scepticisme antique à l’égard de la chose politique.